À Sceaux, les premières heures d’un grand domaine départemental

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Culture Environnement et cadre de vie

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Culture Environnement et cadre de vie
L’inauguration, jeudi 9 mars, de l’exposition « 1923. Le domaine de Sceaux. Aux origines d’une renaissance » aux anciennes Écuries du domaine de Sceaux, marque le coup d’envoi d’un riche programme de festivités jusqu’à la fin de l’année.CD92/JULIA BRECHLER
Cent ans après l’entrée de Sceaux dans le domaine public, les expositions « 1923. Le domaine de Sceaux. Aux origines d’une renaissance », aux Anciennes Écuries, et « Sur les Pas d’Atget », dans le parc, nourries d’images et de documents inédits, reviennent sur un moment charnière de l’histoire de ce domaine accueillant 3,5 millions de visiteurs par an.

Une copie du contrat de vente en date d’août 1923, entre la princesse de Cystria, descendante des Trévise, et le Département de la Seine figure en bonne place dans une vitrine, en dessous d’un portrait du maire de Sceaux d’alors, Jean-Baptiste Bergeret de Frouville. Tout un symbole. Cent ans après, le domaine, qui a traversé les vicissitudes de la petite et de la grande Histoire, est toujours dans le giron départemental. « C’est un projet inédit et rassembleur que nous devons aux élus locaux de l’époque. Ils ont su convaincre toutes les parties prenantes de la pertinence de cette opération qui permit de sauver l’un des derniers grands domaines aristocratiques d’Île-de-France du déclin, voire de la disparition », souligne Georges Siffredi. Face à l’urbanisation galopante émerge en outre dès cette époque la volonté d’offrir des lieux de promenade aux citadins. Ils sont 3,5 millions aujourd’hui à fréquenter le domaine, venus des villes environnantes et de toute la région parisienne voire au-delà.

Une restauration modèle

L’exposition fait débuter cette renaissance dès le milieu du XIXe siècle à l’époque des Trévise qui, les premiers, redonnèrent son lustre au domaine et érigèrent le château actuel, en lieu et place de l’ancien, détruit pendant la Révolution. Avant un nouveau déclin et le rachat par le Département de la Seine au siècle suivant. Des premiers travaux des années vingt et trente jusqu’au rétablissement des bâtiments éprouvés par les réquisitions de la Seconde Guerre mondiale, la remise en état et l'embellissement  auront pris des décennies. Un quart environ de la surface a été lotie pour financer cette restauration. « L’objectif était alors de créer une cité modèle en bordure du parc historique. Aujourd’hui ce lotissement est un sujet d’études et il est considéré comme un conservatoire de l’architecture de l’Entre-deux-guerres, explique David Beaurain, commissaire de l’exposition. Cette restauration est un cas d’école, c’est un projet global, complet dans lequel rien n’a été laissé au hasard. C’est pour cela qu’elle a réussi. »

Gravures, photographies, autochromes, plans… plus d’une centaine de documents – « recension d’une ampleur sans précédent pour cette période de la vie du domaine » - sont présentés et commentés dont certains inédits – comme ces vues de l’aménagement des cascades Art déco de Léon Azéma qui sut innover tout en restant fidèle au dessein de Le Nôtre – surprenants – par exemple ces parcs à bestiaux devant le château pendant la Grande Guerre ou ces baraquements laissés par l’armée allemande aux abords de l’Orangerie –ou encore émouvants - comme ces vues des années 30, témoignages de « la rencontre entre les visiteurs et le parc », qui montrent que les lieux ont dès leur ouverture exercé un fort pouvoir d’attraction.

« Sur les pas d’Atget »

Ce voyage dans le temps se poursuit à l’extérieur du musée dans les 180 hectares de parc où une quinzaine de photos d’Eugène Atget, installées à l’emplacement même où elles ont été prises en 1925, montrent les lieux à l’aube de leur remise en état : Octogone envasé, statues décapitées, escalier moussu, herbes folles… Une désolation romantique régnait alors dans le parc où s’enchevêtrent la végétation, l’eau et la pierre. « Ces fenêtres ouvertes sur le siècle dernier, en se confrontant au jardin actuel, témoignent du long chemin parcouru. Depuis cent ans, le Département de la Seine, puis celui des Hauts-de-Seine (à partir de 1970 Ndlr.) se sont résolument engagés pour que ce patrimoine, son bâti, ses jardins à la française, ses prairies, ses bois et ses plans d’eau, soient soigneusement entretenus, et même parfois transformés, pour briller davantage encore », souligne Georges Siffredi.

Un riche programme de festivités jusqu’à la fin de l’année

Le vernissage des expositions  « 1923. Aux origines d'une renaissance », présentée jusqu’au 9 juillet aux Anciennes Écuries et « Sur les pas d’Atget », visible dans le parc jusqu’au 15 décembre, marquent le coup d’envoi des festivités du centenaire qui se poursuivront jusqu’à la fin de l’année. Dès avril, le public pourra ainsi profiter d’un escape game numérique entre le domaine, les villes d’Antony, Sceaux et Châtenay-Malabry et revisiter de façon ludique l’histoire des lieux, du XVIIIe siècle à nos jours. À partir du 3 juin, l’allée des Clochetons accueille l’exposition « À la découverte du patrimoine naturel des Hauts-de-Seine », réalisée par les photographes du Département et dédiée au dialogue entre les grands parcs et les villes. Au niveau du Grand Canal, les visiteurs profiteront du 3 juin à septembre d’une installation monumentale éphémère et pourront assister les samedi 16 et dimanche 17 septembre à un exceptionnel spectacle de cirque aérien à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine. Toutes les informations sur domaine-de-sceaux.hauts-de-seine.fr


Une nouvelle « biennale de la nature »

De nombreux spécialistes sont attendus au colloque « Oser les grands parcs », les 13 et 14 novembre prochains, consacré au mouvement s’insurgeant au début du XXe siècle contre la disparition des grands domaines de la banlieue de Paris, mis en perspective avec les enjeux actuels de la transition écologique. Une belle manière pour le Département de clore les festivités du centenaire et d’ouvrir sur l’avenir. Il entend en effet inscrire ce rendez-vous dans le paysage et en faire une « biennale de la nature ». « Elle nous permettra de mettre à l’honneur, grâce à une programmation d’ampleur, le remarquable patrimoine paysager dont nous avons la chance de bénéficier dans les Hauts-de-Seine », explique Georges Siffredi.